À l’occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, célébrée chaque 26 juin, l’Association des victimes de la torture au Togo (ASVITTO) a tenu une conférence de presse ce mercredi à Lomé. L’ASVITTO a réitéré son soutien aux victimes de torture au Togo et à leurs familles. Elle a également critiqué l’inaction des institutions étatiques chargées de la défense et de la protection des droits humains, soulignant que ces dernières n’accomplissent pas leur mission de manière efficace.
« Tous les efforts en faveur des victimes de la torture reposent sur les organisations de la société civile. Pendant ce temps, les institutions étatiques qui sont payées avec l’argent du contribuable pour la défense et la protection des droits humains ne travaillent que pour accroître leurs privilèges et leurs intérêts personnels », a dénoncé Kao Atcholi, président de l’ASVITTO.
Lisez plutôt la déclaration liminaire!
DECLARATION DE L’ASSOCIATION DES VICTIMES DE LA TORTURE AU TOGO (ASVITTO) A L’OCCASION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE POUR LE SOUTIEN AUX VICTIMES DE LA TORTURE
Le 26 juin 1987, la Convention des Nations Unies contre la torture est entrée en vigueur et le 12 décembre 1997, la Journée Internationale pour le soutien aux victimes a été adoptée en vue d’éliminer totalement la torture et d’assurer l’application effective de ladite Convention. En tant qu’Organisation de Défense des Droits Humains, l’ASVITTO a la responsabilité d’apporter continuellement son soutien à toutes les victimes de la torture et leurs familles d’une part, et d’autre part de faire l’état des lieux des réparations et de la prévention sur plan national.
➢Ainsi, l’ASVITTO réitère par cette occasion, sa vive compassion et exprime sa solidarité à toutes les victimes et leurs familles respectives, surtout celles qui sont encore en détention arbitraire dans les prisons civiles du Togo.
➢Pour ce qui est des réparations, le gouvernement togolais n’a pas encore pris la mesure de la responsabilité qui lui incombe en la matière: non seulement les indemnisations ne sont pas versées aux victimes à ce jour, mais encore, les présumés auteurs des actes ne sont nullement inquiétés. Pire, d’actes de torture et de traitements cruels, inhumains et dégradants continueraient d’être infligés sur certaines personnes par les Forces de sécurité lors des interpellations et dans certains endroits de privation de liberté.
➢Sur la prévention, dans la prétendue nouvelle constitution, les articles dissuasifs et coercitifs contre les auteurs d’actes de torture sont supprimés alors que les dispositions de la Constitution de 1992 consistent à une protection efficace des populations. Le Mécanisme National de Prévention de la torture, intégré à la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH-MNP) est resté sous influence politique depuis sa mise en œuvre en avril 2019 et n’a pu combler une seule attente relative aux plaintes sur la torture. La CNDH-MNP cinq ans après son existence a été inefficace jusqu’alors sur le plan de la prévention de la torture. Non seulement elle passe toujours sous silence dans ses rapports annuels les requêtes sur la torture qui lui sont soumises, elle est aussi restée indifférente, insouciante et insensible aux souffrances des victimes de la torture qui sont toujours en détention arbitraire malgré les décisions de la Cour de justice CEDEAO en ne demandant pas leur mise en application.
Tous les efforts en faveur des victimes de la torture reposent sur les organisations de la société civile. Pendant ce temps, les institutions étatiques qui sont payées avec l’argent du contribuable pour la défense et la protection des droits humains ne travaillent que pour accroître leurs privilèges et leurs intérêts personnels.
Sans la culture de l’éthique et de la morale professionnelles chez les acteurs institutionnels chargés de la protection des droits de l’homme, le Togo ira toujours de mal en pis par rapport à la protection des populations contre la torture et les traitements cruels, inhumains et dégradants. Puisque la priorité de ces acteurs se retrouve dans la poursuite des intérêts personnels, il va de soi que l’intérêt général qui consiste à œuvrer pour la protection de l’intégrité physique des citoyens soit un vœux pieux.
Fort de ce constat relatif aux anomalies sur les institutions chargées de la défense et de la protection des droits humains, l’ASVITTO est profondément dérangée de voir tous les efforts consentis pour la mise sur pied d’une nouvelle CNDH devenir vains avec un bilan très triste. En cinq ans de la mise sur pied de la CNDH-MNP, les plaintes sur la torture ont considérablement augmenté, avec de nombreux cas de décès consécutifs aux actes de torture sur lesquels ces institutions ont été saisies mais sans suite malheureusement.
En notant avec regret ces échecs institutionnels et les reculs considérables sur les droits de l’homme en général, et particulièrement dans la lutte contre la torture, l’ASVITTO convie chaque citoyenne et chaque citoyen à prendre ses responsabilités afin d’œuvrer pour l’indépendance de ces institutions.
A cet effet, l’ASVITTO convie spécialement les Étudiants des universités publiques et privées, les lycéens et collégiens, à s’approprier des outils de protection des droits de l’homme, en vue de contribuer de façon efficace à lutter contre toutes les formes de torture sur toute l’étendue du territoire, afin d’empêcher qu’elle soit érigée en mode de gouvernance contre leur avenir.
Enfin, l’ASVITTO encourage la Communauté Internationale à œuvrer inlassablement pour l’application des décisions de la Cour de Justice CEDEAO demandant la libération et la réparation de toutes les victimes de la torture, notamment les arrêts: N° ECW/CCJ/JUD/12/23; N° ECW/CCJ/JUD/45/2023; N° ECW/CCJ/JUD/28/23; N° ECW/CCJ/APP/19/11.
Fait à Lomé, le 26 juin 2024
Pour l’ASVITTO
Le Président
M. ATCHOLI KAO Monzolouwè B. E.